Comme n’est pas matineux que celui qui se réveille le matin mais tout un chacun qui prend la peine de se réveiller, en me réveillant donc ce matin, c’est-à-dire à une heure de l’après-midi, j’appris, non sans ressentir un vif émoi, la sinistre nouvelle : Un violent séisme vient d’ébranler le pauvre petit Japon. Pour ceux et celles d’entre vous qui auraient déjà oublié leur leçon de géographie portant sur l’empire du soleil levant, voici un bref rappel : le Japon est un archipel de quelques 6500 ilots, il a à sa tête un empereur qui, dit-on, est en devoir de les compter (les îlots) chaque nuit avant de se coucher afin de s’assurer de l’intégrité territoriale de son empire caillouteux ou, cela demeure possible, de chasser une éventuelle insomnie qui viendrait agacer son sommeil impérial. Les habitants du Japon s’appellent les japonais. Ils parlent une langue absconse et compliquée qu’il n’est même pas sûr qu’ils la comprennent au demeurant et dont les phonèmes ressemblent comme deux gouttes d’eau au son d’une gamelle qu’on laisserait dégringoler dans un escalier. Entre les deux bols de riz qui ponctuent leurs longues et laborieuses journées de 18 heures, les japonais s’adonnent sans modération à leur hobby favori qu’est le travail. Enfin, sans histoires, aucune, si l’on excepte, bien entendu, l’invasion de la Mandchourie et les deux attaques nucléaires de Hiroshima et Nagasaki dont il a été coupable de les avoir bien cherchées, le peuple nippon est un peuple réservé et pacifique. Je vous remercie pour votre attention.
Pour donner donc une contenance à l’objet trop abstrait de ma profonde tristesse désincarnée, j’accourus vers le poste de télé dans l’espoir d’y glaner quelques images dont la désolation m’eût permis de justifier mon état d’affliction, très sincère du reste, auprès de ceux que mon humeur intéresse. J’ouvris le poste et je m’installai bien en face, l’œil à l’affût de la moindre image du désastre. J’en fus servi incontinent. Toutes les chaines de télévision transmettaient pour le plus grand bonheur de ma fringale émotive mise en éveil dès l’annonce de la nouvelle, le spectacle apocalyptique et navrant du tremblement de terre. Je restai ainsi pendant des heures et des heures à me rincer l’œil et à trouver que tout cela était affligeant.
Et quand minuit sonna ses douze coups, rasséréné, je me
levai pour aller m’endormir en me félicitant d’avoir réussi à
tromper mon ennui dominical. Sans cynisme, aucun.
levai pour aller m’endormir en me félicitant d’avoir réussi à
tromper mon ennui dominical. Sans cynisme, aucun.
5 commentaires :
compter 6500 îlots pour trouver le sommeil que voilà une riche idée!!! C'est quand même mieux que de compter les moutons ou pire les ânes qui prolifèrent sous nos latitudes!!! Dès ce soir je m'y mets foi d'insomniaque invétérée ( ou invertébrée pour parler comme Béru)!
Je préfère encore la méthode non-impériale c'est-à-dire la méthode ovine... Des moutons qui moutonnent il y en a à portée de main et sois sûre que tu n'auras jamais fini de les compter avant de t'être assoupie.
Insinuerais-tu que je devrais compter les 35 millions et demi d'ovins algériens pour trouver le sommeil?
Il faut croire qu'ils sont beaucoup plus nombreux... Un mouton, ça n'a pas de nationalité.
J'ai déjà pas mal à faire avec nos bestioles!!! Chacun compte ses propres moutons...et les brebis seront bien gardées!!!
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