Les bibliothèques numériques et le secret de vivre sans bouffer.




‘Dans tous les cas l'auteur fait tintin. C'est le principal ! Il est supposé, lui, l'auteur, jouir d'une solide fortune personnelle, ou d'une rente d'un très grand Parti, ou d'avoir découvert (plus fort que la fusion de l'atome) le secret de vivre sans bouffer.’ L.F.Céline entretien avec le professeur Y, Gallimard 1957.

Le constat est sans appel. Je n’aurais pas ajouté un seul mot (enfin, si. Je vous le dirai après*) pour exprimer ma colère contre ceux qui, au mépris de la loi et de la morale, diffusent gratuitement sur internet des livres ne relevant pas encore du domaine public. J’en veux pour exemple les bibliothèques numériques qui pullulent actuellement sur facebook. 

Je n’en suis pas encore là, bien évidemment. Je n’ai aucun livre sur le marché qui justifierait ma colère. Et puis pester contre vous, chers telqueliens, pour la gratuité de nos rapports, n’est pas à l’ordre du jour, même si cela n’est pas tout à fait exclu dans un avenir que, pour des raisons évidentes de convivialité, je n’espère  pas très proche. Les bannières publicitaires que j’ai insérées à  corps défendant sur la marge gauche du blog  trahissent pourtant une certaine volonté, pour ne pas dire une volonté certaine, de monétiser, ne serait-ce que chichement, l’audience. 

Parce que la vérité est là, comme le martèle Céline sans  tabou (ou sans vergogne, c’est selon) dans son entretien avec le professeur H, le mythe de la gratuité que la tradition philosophique n’a cessé à tort de lier à l’art,  ne résiste pas à la nécessité biologique (celle de bouffer en l’occurrence) à laquelle est petitement soumis tout artiste. Pourquoi une œuvre d’art n’aurait-elle pas d’autres fins qu’elle-même ?  Pourquoi un poème ne serait écrit que pour le plaisir de faire des rimes ? Et un roman que pour le bonheur de raconter une histoire ? 

Même aller aux chiottes ne souffre pas cette abomination (parce que c’en est une) de la gratuité qu’on nous présente comme une condition sine qua non à toute démarche artistique. Quand on va aux chiottes généralement c’est pour….. Chier, eh bien voilà, la chose est dite. Vous voyez, même ça n’est pas gratuit, alors, s'il vous plait!

*‘…ou d'avoir découvert (plus fort que la fusion de l'atome) le secret de vivre sans bouffer’ j’aurais juste ajouté et sans fumer.   

8 commentaires :

Lila a dit…
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Lila a dit…
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Allouche a dit…

Même Manzoni était obligé de bouffer pour créer les chefs-d'œuvre qu'on lui connait! Alors! :p

Nazim Baya a dit…

@Lila : Il ne fait aucun doute qu’il doit bien exister un arrangement entre les ayants droit et les compagnies auxquelles tu fais référence, propriété intellectuelle oblige. Ceci était posé, il faut dire que je ne suis pas contre la technologie tant qu’elle n’empiète pas sur le droit des uns et des autres, le ebook a certainement beaucoup d’avenir, il présente plusieurs avantages, et celui que tu as cité n’est pas des moindres : son coût de revient est nettement inférieur à celui d’un livre classique. Voilà qui explique les sommes modiques pour lesquelles on propose des éditions électroniques de bouquins dont le prix est plus élevé chez le libraire. Mais, la technologie est une chose, la manière dont on s’on sert, une autre. Mettre un livre protégé par des droits d’auteur sur le net est illégal et immoral (sauf si c’est un livre que je cherche lol). Si tous les lecteurs du monde se procuraient leurs livres à la bibliothèque numérique, je peux te garantir que dans moins de cinq ans plus aucun écrivain ne prendrait la peine d’écrire. Mendier les nourrirait mieux.

@Allouche : absolument, et tu peux même calculer le poids sec des aliments non assimilables qu’il a ingéré juste avant de pondre ses chef-d’œuvre. Alors il a fait un lot de 90 boites contenant chacune 30 gr net d’excrément. Ça nous fait…

Et pour peu qu’il eût fait quelque chose d’aussi admirable avec ses urines on aurait pu calculer le poids humide. lol

Anonyme a dit…

Tu trouves toujours à redire lol!

Lila a dit…
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Nazim Baya a dit…

Je suis également d'accord avec toi, j'essaie seulement de condamner par anticipation. Si un jour, je suis confronté au même problème, mais en tant qu'auteur, j'aurai au moins ce mérite d'avoir toujours tenu le même discours :).

JudDy a dit…

Ah ben c'est vrai que c'est injuste envers l'auteur... Peut-être que ces sites se font de la publicité, je veux dire, diffuser des livres en "avant-première" incite un peu à consulter ou à s'abonner carrément à ces sites...
Pour ma part, j'achète encore les livres, les films, les magazines... Je suis peut-être vieux jeu mais je veux bien conserver des trucs qui ne sont pas "virtuels", si je peux dire... Parce que bientôt, même l'argent n'aura pas d'odeur et sera électronique et invisible et j'ose espérer que notre pays va en être épargné!!