Ça commence comme un roman de Kafka. Un matin, sans que vous ayez jamais rien fait, on tape à votre porte. C'est un type qui affirme avoir habité dans votre appartement à l'époque où l'immeuble n'était même pas construit. Il vous explique que le propriétaire le lui avait promis et que la mairie lui a donné l'autorisation d'y "retourner". Vous lui dites qu'il n'en est pas question, mais il s'est déjà installé dans la chambre d'amis. Le lendemain vous appelez votre voisin de palier pour qu'il vous aide à l'expulser, mais votre "hôte", qui s'est servi dans le Frigidaire et a mis les pieds sous la table, se défend. Bientôt, ses cousins, neveux, oncles et tantes arrivent à leur tour et occupent toutes les chambres. Votre femme et vos enfants sont obligés de quitter l'appartement et de se réfugier plus loin dans le quartier. Mal à l'aise à cause de tous les voisins qui vous soutiennent (même si l'un d'eux en a profité pour vous piquer votre garage) votre hôte, grâce à la concierge qui lui est toute acquise, s'empare de tout le reste de l'immeuble, de la cave au grenier, afin de se sentir davantage en sécurité. Comme vous vous fâchez, votre hôte, qui est plus fort que vous, vous enferme dans les WC, sans vous donner à manger et sans jamais vous laisser sortir. Il vous hurle à travers la porte que le Syndic est d'accord. Au bout d'un moment, vous êtes tellement en colère que vous mettez le feu aux toilettes. Les pompiers viennent éteindre l'incendie qui a ravagé une partie de l'appartement et où des membres de la famille de votre hôte ont péri aussi. Quand les pompiers sortent sur une civière votre corps carbonisé, votre hôte crache dessus en vous traitant de "terroriste".
Marc-Edouard Nabe le 27 mai 2004, in J'enfonce le clou
Toute annotation serait superflue.
1 commentaire :
J'adooooore !
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