De l'inconvénient de ne pas être né

On fête cette année le centenaire de la naissance du philosophe roumain d’expression française Emile Cioran (1911-1995). Une naissance qu’il souhaitait qu’elle fût non-avenue. Et pourtant, si le titre de son ouvrage le plus célèbre, de l’inconvénient d’être né, semble dans des termes lapidaires rejeter la vie en bloc, il en va autrement de l’ouvrage lui-même. 

Ecrit sous  forme aphoristique et paru chez Folio en 1973, de l’inconvénient d’être né, est, selon l’aveu même de Cioran, le livre auquel il est le plus attaché. Il explique sa préférence par le fait qu’il ‘adhère à chaque mot de ce livre qu’on peut ouvrir à n’importe quelle page et qu’il n’est pas nécessaire de lire en entier’. 

Dans ce bréviaire du désespoir, qui est à inscrire dans le sillage du nihilisme schopenhauerien, l’auteur nous apprend dans 12 chapitres à retrouver l’ataraxie anténatale (absence de troubles dans la tradition stoïcienne) par une ascèse où le renoncement, l’inaction et l’indifférence tiennent lieu de vertus et semblent être à son fondement. Il s’agit donc, à défaut de ne pas être né, de mimer le non-être pour rendre sa vie plus supportable. 

Afin de vous familiariser un peu avec la philosophie de Cioran, Je mets gracieusement à votre disposition une anthologie qui regroupe trois de ses titres (De l’inconvénient d’être né, Les syllogismes de l’amertume et la chute dans le temps). Vous pouvez la télécharger en cliquant ICI. J’espère qu’elle sera à même de vous révéler, ne serait-ce qu'un peu, la mesure de l’inconvénient de ne pas être né. Celui de ne pas pouvoir lire Cioran, entre autres.