Non, Ben Laden n'est pas mort le 1er mai !


Il faut se méfier de la première impression, elle est souvent la bonne. Ce matin, très tôt, en apprenant la mort de Ben Laden, nous n'y avions cru qu'à moitié. A cette heure, après avoir écouté cette « storytellling » digne d'Hollywood, nous n'y croyons plus. L' histoire ne tient pas la route.

Le Pakistan, état indépendant jusqu'à preuve du contraire, n'était pas au courant, c'est le Président Obama qui aurait annoncé l'action de ses soldats à son homologue pakistanais. Impensable sur le plan diplomatique !

Ben Laden se cachait dans une résidence d'Abbotabad, à quelques kilomètres de la capitale Islamabad, loin des zones tribales où ce dernier bénéficiait depuis toujours d'appuis inconditionnels. Il était sans doute un terroriste sanguinaire, mais de là à en faire un naïf qui va se terrer là où rien ne peut lui être assuré, il y a une marge que nous ne franchissons pas.

Le scénario de l'intervention relève des modèles idéaux exposés dans les académies militaires: deux hélicoptères, commandos équipés de visions nocturnes, quarante minutes d'intervention sans que les forces pakistanaises ne se manifestent, alors qu'une caserne se trouvait à proximité, peu de morts parmi les compagnons de Ben Laden et exfiltration de son corps.
Pas un soldat américain égratigné !

Ben Laden, qu'ils voulaient capturer, aurait été abattu parce qu'une femme lui servait de bouclier vivant, on soulignera toute la symbolique machiste de cette manœuvre...

Et puis, l'histoire épouse les formes d'un scénario écrit dans un bureau du Pentagone.

Un hélicoptère a des problèmes techniques (il ne faut pas que cela soit trop parfait !), le commando le détruit et embarque à bord du deuxième, lequel, forcément en surcharge, rejoint un porte-avion qui croise au large du Pakistan, soit à mille cinq cents kilomètres de là ! Sur le plan technique, c'est plus que douteux.

Et puis, pas de photos. Rien ! Alors que la mort du plus insignifiant des terroristes nous valait des clichés sous tous les angles et ad nauseam, rien de tout ça. Le corps de Ben Laden, à peine débarqué sur le porte-avion est lavé et une cérémonie musulmane a lieu (quarante minutes, notez la précision, un temps identique à celui de l'intervention), avant d'être immergé dans l'océan. Les Américains prétendent avoir respecté, ce faisant, le rite musulman. 

C'est faux, mais pour le citoyen de Columbus, Ohio, l'Amérique est un pays civilisé qui respecte le corps de ses ennemis.

Voilà, la page est tournée, il n'y a plus rien à voir, circulez ! Minute... 

Ben Laden, déjà en 2001 était malade, il devait être dialysé régulièrement et ce n'est pas un hasard si son collaborateur le plus proche, Ayman Al-Zawahari, son successeur présumé, était aussi son médecin personnel. Tous les services secrets le savaient. Il était même tellement malade que fin 2001 on le donne pour mort. Et beaucoup y croient.

En fait, il serait mort entre 2003 et 2007. On peut tirer ces conclusions à l'analyse de ses vidéos. Après 2007, il n'apparaît plus, même pas en photo. Les messages ultérieurs révèlent une voix différente dont le tonus est radicalement différent de celui du fondateur d'Al Qaida..

Alors pourquoi annoncer sa mort le 1er mai 2011 ?

Cherchez l'élection présidentielle américaine de 2012. Mais il n'y a pas que cela...Ben Laden vivant était la bonne excuse pour justifier les opérations militaires en Afghanistan et en Irak. Pour les Etats-Unis, le rappel de la chasse à, l'homme qui massacra plus de trois mille de leurs compatriotes en 2001 faisait taire l'opposition à cette aventure militaire qui stagnait sans résultats et à un coût énorme.

Lui mort, le désengagement peut se faire « dans l'honneur ».
Ben Laden, symbole de la résistance à l'impérialisme occidental pour une grande partie de la rue arabe, a fait long feu. Cette dernière a d'autres préoccupations, d'autres espoirs que le djihad islamique. L'image est éculée, elle ne fait plus recette, le moment était venu de balancer l'icône à l'eau ans faire de vagues. Ce qui fut fait.

En prime, une satisfaction donnée au citoyen lambda occidental qui ne demande qu'à croire à cette belle histoire où le bon finit toujours par tuer le méchant.

Les peuple sont comme des enfants, ils aiment les « happy end »....Et si jamais Ben Laden ressuscite, ce sera un miracle de plus. A mettre à l'actif de Jean-Paul II qui en a besoin d'un !

Article paru le deux mai (hier,ndmm) dans lepost.

6 commentaires :

Maria Carla Canta a dit…

juste juste juste! L'intelligence sert à comprendre, pire pour ceux qui ne l'utilisent pas.

JudDy a dit…

Je suis totalement d'accord!!
et la seule photo qu'ils se sont donnés la peine de fournir s'est avérée truquée alors...
Ce qui est sidérant est que le peuple américain fête cette "mort"!!

Nazim Baya a dit…

@Altrove: Je ne veux pas tomber dans la paranoïa conspirationniste mais les américains ont fait preuve d'un manque de communication qui autorise les spéculations les plus fantaisistes.

@JuDdy: La photo dont tu parles n'a pas été fourni par des officiels américains. Je pense que les américains n'ont pas fêté la mort d'un homme, mais celle d'un symbole.

Anonyme a dit…

Un peu à la blague, mais pas trop quand même, Ben Laden, c'est un peu le docteur O'Blivion du Videodrome de D. Cronenberg (pour ceux qui connaissent, sinon je ne peux que conseiller ce film d'un des plus grands cinéastes vivants, à mon humble avis: http://en.wikipedia.org/wiki/Videodrome).

Mehdi

JudDy a dit…

Elle a été fournie par les médias, diffusée sur Al-Arabyia en premier..
Je veux dire qu'ailleurs dans le monde, les gens sont un peu sceptiques envers cette mort, les pakistanais n'y croient carrément pas, mais les américains se sont mis à fêter "ça" dès l'annonce de leur prédisent, je trouve ça surréaliste quand même.
@Mehdi: intéressante analogie! lol

Nazim Baya a dit…

Salut Mehdi, je connais pas le film en question mais comme tu es de bon conseil je le verrai (même si je ne suis pas cinéphile)

@JudDy, je pense que la manière dont les journalistes ont traité l’évènement est d'un point de vue déontologique impensable.